Au 1er janvier 2019, réduction du délai probatoire pour les titulaires d’un 1er permis de conduire qui auront suivi une formation complémentaire…
23 août 2018
En 2016, les conducteurs novices sont impliqués dans un quart des accidents de la route ayant entraîné des blessures ou la mort. 144 d’entre eux y ont perdu la vie.
Le
décret 2018-715
paru au Journal officiel du 3 août 2018 introduit dans le code de la
route la possibilité d’une formation post permis exclusivement réservée
aux conducteurs novices. En proposant l’opportunité d’une telle
formation complémentaire, la Sécurité routière s’attaque au phénomène
bien connu de sur-confiance qui survient entre six mois et un an après
l’obtention du permis de conduire et qui est la cause d’une mauvaise
appréciation des risques et donc d’une accidentalité particulièrement
élevée.
Plusieurs expériences similaires menées dans plusieurs pays de l’Union
européenne, notamment en Autriche, en Finlande et au Luxembourg, ont
démontré l’efficacité de la formation post permis, notamment sur la
réduction de l’accidentalité. Sa mise en place dans notre pays le 1er
janvier 2019 répond à la décision du Comité interministériel de la
sécurité routière (CISR) du 2 octobre 2015 (mesure D17).
Cette formation complémentaire s’adresse donc exclusivement aux
titulaires d’un premier permis de conduire (A1, A2, B1 ou B) entre les
6e et 12e mois qui suivent son obtention, ni avant, ni après.
L’objectif de la formation post permis est de susciter chez les
conducteurs novices un processus de réflexion sur leurs comportements au
volant et leur perception des risques au moment où ils acquièrent
davantage d’assurance.
Les bénéficiaires de cette formation, qui relève du volontariat,
verront en contrepartie leur période probatoire réduite, sous réserve de
n’avoir commis aucune infraction donnant lieu à retrait de points.
Une formation certifiée dans une école de conduite labellisée
À partir du 1er janvier 2019, les titulaires d’un premier permis de
conduire pourront prétendre à cette formation. Celle-ci sera dispensée
uniquement par une école de conduite détentrice d’un label délivré ou
reconnu par les services de l’État garantissant la qualité de son
contenu (voir encadré).
La formation sera collective afin de permettre un maximum d’échanges sur
les expériences de conduite entre les conducteurs d’une même
génération. Sa durée est limitée à une seule journée (7 heures).
Un enseignant de la conduite spécialement formé sera responsable de
l’animation de chacune de ces journées. Le contenu de la formation,
élaboré par des spécialistes de la sécurité routière, fera l’objet d’un
arrêté pour garantir un programme de formation homogène sur tout le
territoire.
Réduction de la période probatoire
Depuis 2003, le permis de conduire est probatoire et doté d’un capital
de 6 points à son obtention. Une période de 3 années durant lesquelles
le permis est crédité de 2 points tous les ans, à condition bien sûr de
ne commettre aucune infraction entraînant un retrait de points, est
indispensable pour que le conducteur gagne en maturité et obtienne ses
12 points.
Cette période probatoire est plus courte pour ceux qui ont opté pour la
conduite accompagnée (apprentissage anticipé de la conduite pour la
catégorie B). Elle dure 2 ans au lieu de 3 ans avec récupération de 3
points par an (voir encadré cas n°1)
Ainsi, lorsque la formation post permis sera suivie, la période
probatoire se verra réduite de 3 à 2 ans pour le titulaire d’un permis B
traditionnel et de 2 ans à 1 an et demi pour un novice qui a suivi
l’apprentissage anticipé de la conduite (AAC) pour la catégorie B (voir
encadré cas n°2).
Pour Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité
routière, « Cette possibilité nouvelle pour les conducteurs novices
d’atteindre plus rapidement le nombre maximal de points sur leur permis
en échange d’une réflexion concrète et personnalisée sur leur conduite
est une véritable avancée. Elle participe, avec le concours actif des
écoles de conduite, à la mise en place d’une nouvelle génération de
conducteurs jeunes, matures et responsables. »
INFOGRAPHIE CAS 1 – PERMIS PROBATOIRE
INFOGRAPHIE CAS 2 – PERMIS PROBATOIRE
Chiffres clés – Les conducteurs novices et le risque routier
Les conducteurs novices désignent les conducteurs dont l’ancienneté du
permis de conduire est inférieure à 2 ans. Les conducteurs novices
appartiennent le plus souvent à la classe d’âge 18-24 ans mais
l’apprentissage de la conduite ou la reprise peuvent s’effectuer plus
tardivement (25-44 ans).
En 2016, sur les 13 012 accidents corporels, 6 377 personnes ont été
blessées et hospitalisées plus de 24h et 718 personnes sont décédées
dans un accident impliquant un conducteur novice, 325 sont des novices
et 393 d’autres usagers. Cette sinistralité représente 21% de la
mortalité routière (sur les 3 477 tués).
En 2016, 58% des conducteurs novices tués ont entre 18 et 24 ans (tout
mode), soit 189 tués parmi lesquels 144 conducteurs de voiture de
tourisme.
En l’espace de cinq ans (données cumulées de 2012 à 2016) : parmi
les 3 831 personnes tuées dans un accident impliquant un conducteur
novice, 1 003 étaient des conducteurs novices âgés de 18 à 24 ans (tout
mode), dont 740 conducteurs de véhicule de tourisme.
Des pics d’accidentalité durant les tout premiers mois de la
période probatoire : le sentiment de sur confiance comme principal
écueil des novices
Un pic important d’accidentalité est
enregistré par l’ONISR concernant les conducteurs novices dans les six
premiers mois après l’obtention de leur permis de conduire. Le risque
d’être impliqué dans un accident mortel est multiplié par 2 dans les
trois premiers mois et de 1,5 dans les trois mois suivant (4e au 6e
mois) par rapport au dernier trimestre de la période probatoire. L’ONISR
note que c’est à 19 ans que les automobilistes novices s’exposent le
plus aux risques en cause en raison d’un sentiment de surpuissance.
Conduite sous l’emprise de l’alcool et/ou de stupéfiants : marqueurs importants de l’accidentalité des conducteurs novices
Le risque « alcool »
- En 2016, près d’un quart (24%) de l’ensemble des jeunes conducteurs de 18-24 ans (tout mode), impliqués dans un accident mortel, étaient alcoolisés.
- En cinq ans (2012/2016), ce sont 566 conducteurs novices de voiture de tourisme dont le taux d’alcool est supérieur au seuil légal de 0,5 g/l de sang qui sont morts dans un accident de la route, soit 28% contre 26% pour les conducteurs expérimentés.
Le risque « stupéfiants »
- En 2016, 20% de l’ensemble des conducteurs âgés de 18 à 24 ans, impliqués dans un accident mortel, ont été contrôlés positif à au moins un stupéfiant.
- En cinq ans (2012/2016), ce sont 393 conducteurs novices de voiture contrôlés positif à l’usage de stupéfiants au volant qui ont été impliqués dans un accident mortel de la route, soit 23% contre 19% pour les conducteurs expérimentés.
Rappel sur les principales voies d’apprentissage de la conduite
- L’Apprentissage anticipé de la conduite (AAC)
Accès dès 15 ans et plus, dès le code obtenu, un(e) accompagnateur(trice) trouvé(e) et l’attestation d’assurance, il faudra rouler au moins 3 000 kilomètres pendant au moins un an avant le passage de l’épreuve pratique.
- La formule « Conduite supervisée »
Accessible dès 18 ans et plus, après un échec ou avec l’envie de s’aguerrir un peu plus à la conduite, dès le code obtenu, un(e) accompagnateur(trice) trouvé(e), l’attestation d’assurance et un rendez-vous pédagogique pour conduire.
- La formule « Conduite encadrée »
Accessible dès 16 ans minimum, cette filière est réservée aux élèves préparant un diplôme professionnel menant aux métiers de la route, une fois le code et l’épreuve pratique obtenus, sous réserve de l’autorisation de l’assureur et de conduire avec un accompagnateur toute la durée des études jusqu’à 18 ans révolu.
Flyer « Avec la conduite accompagnée mon permis démarre bien »